La terminologie, ce nom barbare qui désigne l’étude des termes, est au cœur du métier de traducteur technique. Nombreuses sont les personnes à considérer que la recherche de termes se borne à ouvrir un dictionnaire pour y prendre le premier terme proposé. La réalité du travail de terminologie est toute autre… et sensiblement plus complexe et chronophage.

Contexte, s’il-vous-plaît !

Le contexte : certains diront que les traducteurs n’ont que ce mot-là à la bouche. Et on ne peut leur donner tort. Mais il y a une bonne raison à cela : le contexte est tout simplement indissociable de la recherche terminologique. En effet, toute la difficulté de ce travail réside dans le fait que la traduction des termes varie en fonction du domaine dans lequel ils sont employés.

Prenons, par exemple, le terme anglais « vessel ». Dans le domaine médical, celui-ci se rapportera certainement aux « vaisseaux sanguins » ; dans la marine, il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’un « navire », ou « bâtiment » ; tandis que dans le domaine du conditionnement, il s’agira plus probablement d’un « récipient ». En résumé, autant de traductions possibles pour un seul et même terme anglais, avec pour seule distinction le contexte d’emploi du terme.

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Extrait de la bande dessinée Mox IV, site Internet http://mox.ingenierotraductor.com/
Traduction :
Client : « Traduisez cette feuille de calcul. »
Traducteur : « Une liste de 3 000 termes techniques complexes ? Pouvez-vous me donner plus de contexte s’il-vous-plaît ? »
Client : « Il n’y a pas de contexte. Ce ne sont que des mots. C’est facile. »

 

À chaque entreprise sa terminologie

Outre le contexte, il existe un autre critère de choix de terme déterminant à prendre en compte : les préférences du client. Si une entreprise a déjà jeté son dévolu sur des termes spécifiques pour désigner ses produits et services, il est alors primordial de reprendre scrupuleusement ces termes dans ses futures traductions. Ainsi, deux entreprises d’un même domaine d’activité peuvent employer chacune un terme différent qui leur est propre pour désigner un même concept. Par exemple, là où la plupart des constructeurs automobiles utiliseront le terme « airbag », le constructeur Volkswagen privilégiera le terme « sac gonflable ».

De ce fait, un bon travail de terminologie passe avant tout par une étroite collaboration entre le traducteur et son client. Il est essentiel qu’une entreprise mette à la disposition de la personne en charge de ses traductions tous les éléments dont elle dispose pour lui permettre de respecter au mieux ses choix de termes antérieurs, et notamment sa documentation déjà traduite. Cela est d’autant plus important qu’une bonne cohérence terminologique permettra à une entreprise de garantir une compréhension optimale auprès de ses clients.

Un défi de taille pour la traduction automatique

À ce jour, terminologie et traduction automatique font difficilement bon ménage. Du fait de l’interdépendance des termes au contexte et de l’influence décisionnaire des clients, rares sont les logiciels de traduction automatique actuellement disponibles à être en mesure de fournir des propositions terminologiques pertinentes. Les seuls à y parvenir sont certains logiciels hautement spécialisés (et extrêmement onéreux) qui permettent d’intégrer de manière ciblée les textes de clients dans leur algorithme de traduction, et donc leur terminologie. Les logiciels « grand public », qui se basent sur les traductions de textes disponibles sur Internet, sont à prendre avec la plus grande prudence, car leur ciblage terminologique en fonction du contexte manque encore sensiblement de fiabilité et les textes d’Internet ne sont pas tous d’égale qualité.

 En résumé

Pour mener son travail de recherche de termes à bien de manière optimale, le traducteur doit avoir certains éléments à sa disposition : le contexte du texte qu’il traduit et, si disponible, la documentation déjà traduite de son client. D’où la nécessité d’une bonne collaboration avec ce dernier.

Pour la suite… à lui de jouer avec ses outils de travail : dictionnaires, bases de données terminologiques, Internet (la plus grande base de recherche au monde), sans oublier l’ultime ressource de tout bon traducteur qui se respecte : son cerveau.