L’Académie française a tranché : le bon usage imposerait le genre féminin, la Covid-19. En effet, Covid étant l’acronyme anglais de Coronavirus Disease qui signifie maladie à coronavirus, il est facile de comprendre la décision prise par l’Académie. Néanmoins, bien que cette décision semble être devenue la norme chez nos voisins québécois, elle éprouve certaines difficultés à trouver sa place dans nos conversations quotidiennes, car le genre masculin s’est imposé bien avant ce verdict probablement par analogie au genre du masculin du mot « coronavirus ».

Mais alors, que doit-on écrire ? Pour répondre à cette question, il convient de préciser certains éléments au préalable. Primo, l’Académie française ne constitue en rien une institution autoritaire : l’article 24 de ses Statuts précise que « la principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences », par le biais de recommandations et d’avis, bien qu’elle ne compte aucun linguiste parmi ses membres.

Secundo, il existe déjà des acronymes qui sont devenus des noms communs, dont le genre ne respecte pas celui de la traduction originelle. Prenons l’exemple de « laser » : ce mot, désormais considéré comme un mot commun de genre masculin par tous, est en réalité l’acronyme anglais de « light amplification by stimulated emission of radiation » qui signifie « amplification de la lumière par émission stimulée de rayonnement ». On peut également citer le mot « radar » qui lui signifie radio detection and ranging et que l’on peut traduire par « détection et estimation de la distance par ondes radio ». Il n’est donc pas aberrant de penser que l’acronyme Covid subisse le même sort que « laser » ou même encore « radar » et soit genré différemment que sa traduction.

Et enfin tertio, il ne faut pas oublier de faire appel au bon sens. Une langue est en constante évolution grâce à ses locuteurs. Il serait déraisonnable d’aller à l’encontre de l’usage général lorsque l’on souhaite se faire comprendre ou créer une unité par le biais d’une langue commune. Vous conviendrez qu’il serait actuellement très étrange, du moins en France, d’entendre « la covid-19 » dans un reportage. Par conséquent, il convient de plutôt s’adapter à son public et d’opter pour ce qui semble le plus évident et le plus répandu.