Connaissez-vous la célèbre maxime « Interpretatio cessat in claris » ? Autrement dit « Texte clair n’admet point d’interprétation ». Si cette doctrine était respectée, les traducteurs vivraient heureux. Hélas, ce n’est pas le cas. Les vaillants traducteurs se battent constamment pour déchiffrer les bouts de parchemin rédigés par les rédacteurs qui, bien souvent, ne sont pas des rédacteurs formés. Alors oui, tout le monde commet des erreurs, ce sont des choses qui arrivent. Une petite faute d’orthographe ou d’accord n’a jamais tué personne (ou presque).

Toutefois, la rédaction ne concerne pas seulement les fautes d’accord ou d’orthographe. Elle concerne aussi la typographie. Alors vous me direz : « ce n’est pas bien grave si on oublie une virgule ou un tiret ». C’est vrai, dans la majeure partie des cas, ce n’est pas bien grave. Mais vous ne diriez pas cela si vous étiez traducteur !

L’exemple de la virgule

Prenons un exemple simple :

« Et si on mangeait les enfants ? »
« Et si on mangeait, les enfants ? »

Cet exemple illustre parfaitement l’importance de la virgule, nul besoin de l’expliquer en détail. Vous noterez également que, même à l’oral, ces deux phrases sont prononcées avec une intonation différente. Cela souligne, une fois encore, l’importance de la ponctuation dans la rédaction.

(N’ayez crainte, aucun enfant n’a été mangé durant la rédaction de cet article.)

Dans certains cas, l’absence d’éléments de ponctuation peut entraîner des petits soucis, notamment lorsqu’une machine se charge de traduire à la place d’un traducteur.

L’exemple des guillemets

Voici un autre exemple : « Press Release ».

Si le rédacteur avait rédigé : Press “Release”, cela aurait tout changé. En effet, l’ajout des guillemets donne un tout autre sens à la phrase. Alors oui, en tant que traducteurs, nous adaptons le texte en fonction du contexte. Mais qu’en est-il des Context Match propagés automatiquement ? (voir l’article : Présentation des outils de TAO). Sans vérification, le logiciel de TAO aurait pu propager « communiqué de presse » dans un manuel technique ! Or, si les deux versions avaient été rédigées correctement (autrement dit Press release pour « communiqué de presse » et Press “Release” pour « appuyez sur le bouton Release »), le logiciel ne se serait pas trompé et la propagation aurait pu se faire sans le moindre problème.

Bien entendu, dans ce genre de contexte, les traducteurs disposent d’un allié de taille : le contexte. Celui-ci est sans aucun doute le meilleur ami du traducteur. Outre le fait qu’il soit indispensable à la compréhension d’un texte, il nous assure un avenir prospère (du moins, pour l’instant). En effet, si les machines ne sont pas en mesure de remplacer les traducteurs, c’est bien grâce à lui. La traduction automatique ne prend pas en compte le contexte et, bien souvent, n’utilise pas la terminologie appropriée (voir articles : Grandeur et misère de la traduction automatique et La terminologie, un art exigeant).

Ces petits détails paraissent anodins, mais ils permettent de garantir l’exactitude de la traduction lorsque le texte est bien rédigé et peuvent représenter un gain de temps précieux pour le traducteur ! Et lorsque le traducteur gagne du temps, tout le monde est gagnant !